Récit bref = tour de force, surprise, plaisir

      

 

           Le sept février 2020, nous entendions une conférence organisée par Mme Doriath et l’Université Corot, donnée par l’Oulipien et ancien Professeur de Mathématiques (comme quoi, tout est possible) Olivier Salon. Cet amoureux des Lettres avait pour mission de traiter le sujet du « récit bref », actuel objet d’étude des khâgnes. Quoi de mieux alors que de plonger ses auditeurs directement dans le sujet par la lecture d’une nouvelle ? Son choix se porta sur « Continuité des Parcs » de l’auteur argentin Julio Cortázar dont il évoqua le plaisir apporté par l’illusion romanesque, le travail de construction et la chute originale, la surprise principale naissant de la mise en scène du lecteur-victime.

            Vint ensuite le nécessaire passage à la théorie : il fallait définir le récit bref. Pour le récit, il s’agit d’une histoire racontée, qu’elle soit fictionnelle ou réaliste ; quant à l’adjectif « bref », il semble exclure le roman, et, selon notre conférencier, ne peut être employé au-delà d’une vingtaine de pages. Préciser davantage reste difficile, car il est possible d’inclure de nombreux genres littéraires dans cette catégorie de « récit bref » : les fables, les contes, les nouvelles… Ces dernières sont curieusement négligées en France – où le génie d’un auteur semble être lié à la quantité de pages qu’il est capable de produire – comme s’il s’agissait d’un genre mineur, et pourtant elles ont de nombreuses qualités, comme la force qu’elles tirent de leur concision.

 

 

 

 

            Une fois ces éclaircissements faits, nous partîmes pour un voyage artistique à travers le temps. D’Aloysius Bertrand, créateur du poème en prose « Gaspard de la Nuit » (1829), à Ray Bradbury, en passant par Alphonse Allais, célèbre pour ses holorimes, Félix Fénéon, journaliste facétieux et inventeur des articles en trois lignes, Georges Pérec et ses « Ulcérations », Blaise Cendrars, le bourlingueur qui se met en scène dans ses autofictions, Henri Calet, le petit Parisien misérable dont les écrits redonnent de la dignité aux gens du quotidien, ou encore notre bien-aimé Michaux, Monsieur Salon nous présenta toute une palette d’auteurs divers et nous proposa même des travaux pratiques.

 

 

 

 

 

Mais il ne se limita pas à la seule littérature, bien qu’elle fût le cœur de notre sujet, et nous eûmes aussi droit à un parcours artistique bien plus ample afin d’enrichir encore notre réflexion. Kandinsky, Mondrian, Delaunay et Nijinsky rejoignirent notre périple, révolutionnaires, chacun en leur art: de la bouteille de Klein à l’urinoir de Duchamp, du « Sacre du Printemps » au minimalisme de John Kedge… la peinture, la musique, les objets détournés furent convoqués. Sans oublier Max Jacob, à la fois peintre et poète, précurseur du mouvement dada, et rédacteur de deux poèmes en prose évoqués : « Tableau de la foire » et « Aube ou crépuscule ».

 

 

 

Ce fut en somme une immersion de deux heures dans un océan artistique varié, et nous remercions Monsieur Salon pour cette plongée. 

 

Agathe Barrois, LS2

Edm

Agrégée d'Espagnol CPGE Chaire Supérieure Professeure CPGE depuis 1998 Présidente PrépaMantes

Laisser un commentaire