Retour sur expérience: un étudiant HEU…REUX! (Chapitre I)

Prologue : Dans la prépa tu t’immergeras, avec curiosité et flexibilité tu brilleras.

Si je devais résumer la prépa en une citation, je choisirais celle d’Henri Lewis : « L’art de vivre [sa prépa] consiste en un subtil mélange entre lâcher prise et tenir bon ». Lorsqu’on est ambitieux, ce « subtil mélange » peut très vite être oublié. C’est ce qu’il m’est souvent arrivé en prépa. Cela peut paraître paradoxal de prime abord mais, pour exceller, il faut avant tout viser l’équilibre, le régulier. On nous l’a rabâché et, en effet, la prépa n’est pas une course de vitesse, mais une course de fond, un marathon que l’on mène de front tous ensemble, guidés par nos professeurs. Ce marathon comprend un cycle de sommeil régulier, une alimentation équilibrée, des loisirs non sacrifiés, et surtout une alternance travail / repos respecté. Ce qui ne peut se faire sans une dose de curiosité et de flexibilité, qui poussent à essayer différents types de méthodes de travail, pour trouver celle qui nous convient le mieux. 

Acte I : Lorsque s’élève la difficulté, le plaisir la surplombe.

Ce n’est pas parce que l’on vit d’amour et d’eau fraîche en Terminale qu’il en sera de même en prépa. J’ai eu beaucoup de chance car, en trois ans de prépa, malgré toutes mes maladresses, les professeurs et mes amis qui me sont maintenant les plus chers m’ont toujours soutenu. La prépa, c’est un peu comme une assurance tous risques. Même face à une pandémie, on bénéficie d’un encadrement d’excellence et de cours en présentiel. Oui, des cours « on-campus » ! Cette condition que je qualifierais de privilégiée a été un atout précieux lors de ma première année de prépa ECE à Stex, permettant de garder intacte ma détermination. Malgré nos visages dissimulés derrière nos masques, nous affrontions ensemble chaque défi, œuvrant à l’unisson pour que personne ne flanche. Ma première année de prépa ECE, la première de mes trois années en prépa, a été le terrain fertile où j’ai semé toutes les erreurs possibles et imaginables (malgré moi !) puis récolté maintes leçons. Je savais déjà que je voulais intégrer une grande Ecole de Commerce et devenir Manager, mais je faisais beaucoup trop d’erreurs d’organisation. En décembre 2020, je me rappelle d’un exposé que je devais préparer pour le cours d’espagnol. Je m’y suis pris la veille. J’ai commencé à 21h et, sans aucune pause, j’ai fini à… 7h du matin. Pourquoi ? Parce que  j’étais fatigué, et que je voulais en même temps « bien faire ». Mon exposé fut hors sujet ! N’oubliez jamais que chaque minute passée à travailler doit être efficace, donc ne travaillez que tant que vous l’êtes. Puis, lorsque votre engagement à travailler vous coûte plus en énergie que le travail que vous réalisez, prenez une pause, et remettez-vous y jusqu’à finir ce que vous avez commencé dans les meilleures conditions. En prépa ECE, l’irrégularité et le bachotage étaient mon principal problème. Et pourtant, cette année fut formidablement riche intellectuellement. Les cours de langues, de philosophie, d’ESH… en l’espace de quelques heures, on passait de la traduction d’un texte journalistique à l’interprétation des principes épicuriens, puis à l’influence de Keynes sur les accords de Bretton Woods. Malgré des cours particulièrement intéressants, mes mauvaises méthodes de travail et mes difficultés en maths m’ont poussé à envisager un parcours plus original pour atteindre mon objectif : la prépa littéraire (merci Stex !).  

 

Acte II : Face à l’infranchissable, dessine résolument un pont vers tes ambitions! 

Une fois mon année de prépa EC terminée, j’ai donc choisi de recommencer la prépa mais en tant que littéraire (d’où mes trois ans de prépa sans avoir été cube), pour me donner une chance de faire un meilleur départ, et aussi parce que je savais que la prépa littéraire a beaucoup à offrir à un futur Manager. Oui oui ! La prépa littéraire développe l’esprit critique et la pensée analytique (analyse de textes philosophiques, littéraires, historiques…), la créativité et la pensée latérale (par exemple, la littérature expose les préparationnaires à des mondes peu ou prou imaginaires, à des concepts et à des solutions d’interprétation créatives). Un Manager doté d’un esprit créatif peut aborder les problèmes sous des angles différents, explorer des idées nouvelles, et encourager l’innovation au sein de son équipe. Qui plus est, la compréhension profonde de la condition humaine que l’on perçoit mieux en tant que prépa littéraire, aide ce futur Manager en nous, qui possède ainsi une compréhension plus fine de la psychologie humaine, et qui est mieux équipé pour gérer les dynamiques d’équipe, résoudre les conflits etc. Le choix de la Spécialité Philosophie en Khâgne semblait donc totalement logique du fait de mon projet post-prépa.

D’ailleurs, en prépa littéraire, j’ai été amené à suivre et à m’investir dans des matières que je ne considérais pas d’utilité première pour mon statut de futur Manager, typiquement le latin ou l’histoire. Mais, outre le fait que ces matières soient des mines d’or informationnelles, j’ai appris a posteriori que l’un des atouts du Manager est de savoir s’adapter, et passer outre les préjugés initiaux pour apprécier et exploiter l’ensemble des ressources à sa disposition. Cette capacité à s’immerger dans des domaines d’apprentissage variés et parfois insoupçonnés est précisément ce qui forge un leader polyvalent et résilient, capable de puiser dans un large éventail de connaissances pour résoudre les défis les plus complexes. 

Tout cela, les Ecoles de Commerce l’ont très bien compris, et c’est pourquoi la plupart d’entre elles ont décidé de supprimer l’interclassement entre les prépa littéraires et les prépa ECG / ECT, pour réserver des places aux prépa littéraires au sein des effectifs entrant en école chaque année. Les amoureux de la poésie rimbaldienne ont donc toute leur place aux côtés des adeptes de la pensée schumpétérienne ! 

Ce dont j’avais peur une fois en prépa littéraire, c’était le temps d’adaptation. Eh bien, je dois avouer que ce fut vite le cadet de mes soucis, car j’ai tissé au bout de quelques jours des liens très fort avec tous mes nouveaux camarades. J’étais devenu un vrai littéraire, avec des ambitions économistes. L’ouverture d’esprit que l’on acquiert en prépa littéraire est juste folle. Rien que de passer d’un cours de géographie à un cours de culture antique avait de quoi donner le tournis, et comme il me manque déjà, ce tournis ! 

D’ailleurs, lorsque vous êtes en prépa à Stex, un jour vous ouvrez les yeux et vous vous trouvez à Madrid, en Espagne. C’est ce qui m’est arrivé en Hypokhâgne. Guidés de main de maître par Mme Di Marco, notre Professeure d’Espagnol, nous avons pu visiter des lieux magiques comme le Prado, le Museo de América, ou encore le Centro Reina Sofía. M. Schneckenburger, Professeur de Philosophie a ensuite encore élargi l’esprit des préparationnaires de Stex, en organisant un voyage en Grèce en mai dernier, séjour que je n’ai pas pu vivre malheureusement car je devais faire un choix financier entre partir et m’inscrire aux écrits des meilleures BS ! Mes deux années en prépa littéraires m’ont véritablement permis d’élargir mes horizons et d’enrichir mon moi intérieur, en tant que Manager en gestation. Vouloir intégrer une Business School en tant que littéraire est loin d’être « tiré par les cheveux » ; c’est une chance pour l’école et les entreprises que vous intégrerez de compter dans leurs rangs un humain à la culture et à la perspicacité uniques.

Épilogue : La prépa tu transcenderas, invincible tu te découvriras!

Après des années de labeur acharné et d’heures interminables passées à étudier, je me surprends à pleurer la fin de cette mémorable aventure. C’est dans cette course contre le temps, contre soi-même, que l’on peut découvrir une force inébranlable au fond de soi. Si l’on avance petit à petit en corrigeant nos erreurs, on se rend compte, une fois à l’épilogue, que l’on a transcendé sa prépa, non seulement en termes de connaissances académiques, mais aussi en endurance, en résilience, en confiance. Dans les moments les plus sombres, on trouve en soi un éclat, une lumière capable de percer le brouillard du doute et de l’épuisement. Cette période de la vie n’est pas seulement une épreuve, mais une transformation. On en sort non pas simplement instruit, mais métamorphosé, prêt à façonner sa destinée. 

(Ah, et au fait, si vous visez les étoiles, ne jouez pas les robots. Faites comme Thomas Pesquet. Il a atteint les étoiles, car il a su garder les pieds sur Terre !). 

Merci à tous mes professeurs ! Merci à tous mes amis ! 

 

NIMA B.

Edm

Agrégée d'Espagnol CPGE Chaire Supérieure Professeure CPGE depuis 1998 Présidente PrépaMantes

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