En juin, les ECE1 se préparent déjà à leur concours 2020!

Le lundi 24 juin 2019, les Prépas ECE1 sont de sortie, après une année à cent à l’heure. Le matin, c’est la traditionnelle participation aux oraux d’HEC, l’occasion de vérifier ses propres connaissances et de se rendre compte que la préparation de l’année permet déjà de faire face à bien des questions des différents jurys, notamment en langues, en culture gé, en ESH…

 

 

Après un pique-nique sous un soleil brûlant, direction le centre de Versailles et le Musée Lambinet où le groupe est attendu pour une visite guidée d’une heure trente sur une thématique choisie tout spécialement: Vie intellectuelle et amoureuse au XVIIIème siècle.

 

 

 

Merci mille fois à Sophia qui nous confie sa prise de notes!

 

 

Le Musée Lambinet à Versailles est un ancien hôtel particulier construit en 1751 et appartenant à la famille Lambinet dès 1852. L’histoire de ce musée est jalonnée de grands dons venus enrichir ses collections.

Le 18ème siècle est un siècle marqué par l’esprit de renouveau qui a inspiré l’aménagement du bâtiment, notamment avec l’émergence de l’aristocratie de cour qui cherche à marquer le rang du propriétaire à travers une décoration luxueuse et ostentatoire : ornements, raffinement, peintures, sculptures…

C’est également le siècle du confort, d’où la recherche d’une grande harmonie du cadre de vie, notamment avec les demeures parisiennes et versaillaises dont le style influence la province tout autant que l’Europe. C’est ainsi qu’en parallèle, les « petites maisons » apparaissent, des lieux nés dans la littérature romanesque et dont le but est de s’adonner aux plaisirs amoureux, en particulier tous ceux considérés comme illicites, dans le cas des personnes mariées. Ce sont des lieux de libertinage pour les hommes, les nobles de la première partie du 18ème siècle, puis à partir de la deuxième moitié de ce même siècle, ces lieux sont privilégiés pour le repos et la distraction selon les principes de la bienséance. En effet, dès le début du 18ème siècle on assiste au développement du moralisme qui inculque des valeurs familiales ou encore celles de la patrie.

C’est aussi un siècle d’essor commercial qui permettra l’enrichissement des nobles et en parallèle, d’essor intellectuel avec l’émergence des philosophes des Lumières dont Jean Le Rond d’Alembert, un mathématicien, physicien, géographe, philosophe, astronome, écrivain, ingénieur et encyclopédiste français, né le 16 novembre 1717 à Paris et mort le 29 octobre 1783. Il représente le profil type de l’individu apprécié dans les salons comme ceux de la famille Lambinet.

 

Voyons à présent différentes œuvres qu’abrite ce musée.

 

  • Les sculptures de Jean Antoine Houdon (1741-1828), un sculpteur français du 18ème et 19ème siècle, essentiellement connu comme portraitiste : certains de ses bustes occupent une place éminente dans l’histoire de la sculpture universelle. Ses sculptures sont très réalistes, notamment grâce à ses connaissances en anatomie. Par exemple, il applique une technique particulière pour creuser les yeux et leur donner un certain éclat, il est également connu pour ses « écorchés » c’est-à-dire l’art d’insister sur les muscles, les plis de la peau etc…, ce qui renforce le réalisme de l’œuvre. Ses œuvres sont reconnues et appréciées, il est d’ailleurs amené à effectuer un portrait de Voltaire ou encore de Rousseau à leur mort.

 

                                                                                 Voltaire assis, 1778

                                             

 

  • Le buste du Maréchal de Saxe (1696-1750) de Jean-Baptiste Lemoyne (1704-1778), un sculpteur français connu pour ses bustes. Le Maréchal de Saxe est connu pour ses nombreuses victoires et son traité militaire dans lequel il développe les conditions d’une gestion optimale des armées en termes de ravitaillement ou sur le plan tactique notamment avec les techniques de combat.

                                                      

 

  • Leda et le cygne (1530) de Le Corrège (1489-1534) : la légende raconte que Leda est aimée par Zeus qui prend la forme d’un cygne pour la séduire. De ses amours avec le dieu, elle met au monde deux enfants, Hélène et Pollux, qui naissent d’un œuf, et Clytemnestre et Castor de l’autre. L’œuvre du musée, une copie, est une œuvre mutilée, une partie ayant été retirée pour cause d’éléments inappropriés, notamment la mise en scène d’une certaine sensualité, ce qui était bien loin des règles strictes de la peinture de l’époque. Cette œuvre est une peinture mythologique qui s’inscrit dans une division de la peinture de chevalet en genres élaborée dès la Renaissance et instaurée en France par l’Académie Royale de peinture et de sculpture au 17e siècle. On distingue alors les grands genres ou les genres dits nobles : on y retrouve la peinture d’histoire et le portrait (portraits individuels, portraits de groupe ou autoportraits) ; et les petits genres dits mineurs avec la peinture de genre qui représente des scènes de la vie quotidienne (familiales par exemple), le paysage et enfin la nature morte et la peinture animalière (représentation d’animaux vivants).

               

 

  • Les services de table : le 18ème siècle est marqué par l’émergence de l’hygiène et des règles de politesse lors des repas. Les services de table étaient très luxueux (argenterie, porcelaine…) et bien dressés et esthétiques. De plus, les nouvelles modes alimentaires sont dignes d’intérêt dans le sens où les aliments exotiques tels que le chocolat (en provenance du Mexique) étaient des marqueurs de richesse et disaient la fascination des élites pour les contrées lointaines.

                            

– Les chambres : avec le triomphe de l’hygiène au 18ème siècle, l’architecture se modifie et par exemple, les alcôves, enfoncement dans le mur d’une chambre où l’on place un ou plusieurs lits, disparaissent pour favoriser la circulation de l’air dans la pièce. A cette époque, les chambres ne sont pas encore communes aux époux, ce n’est qu’au 19ème qu’elles le deviennent. Les chambres étaient décorées d’œuvres assez originales, dont celles qui étaient jugées inappropriées dans les salons (œuvres plus osées, avec des personnages dénudés…) et donc non exposées. Ce type d’œuvres se retrouve notamment chez Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) qui fut sans doute le peintre français le plus emblématique des décennies qui ont précédé la Révolution. Selon son premier biographe, la thématique amoureuse était centrale dans ses œuvres et il s’adonnait surtout au genre érotique dans lequel il réussissait parfaitement.

 

– Les salons : Au 18ème siècle, le phénomène des salons connait un immense succès. Ceux-ci auraient préparé la Révolution par leur influence, fournissant un contexte favorable au développement, à la discussion et à la diffusion des idées des Lumières et des débats politiques. L’idée était donc de rassembler les grands esprits de l’époque pour s’adonner à des débats sur de multiples thématiques. En parallèle, le badinage se développe, ainsi s’en suit l’invention de jeux auxquels les femmes peuvent participer, tels que le Tric Trac.


                             

 

La harpe était un instrument très présent dans les salons à cette époque et utilisé majoritairement par des femmes puisque toute femme accomplie devait savoir en jouer. La harpe caractérise notamment le passage de la musique baroque à la musique classique.

 

                                  

En parallèle, la lecture qui était une marque de prestige et une pratique collective jusqu’au 17ème siècle devient plus personnelle à partir du 18ème siècle avec le développement de la lecture pour soi.

 

  • La Marquise de Pompadour (1721-1764) de François Boucher (1703-1770), 1756 : la Marquise de Pompadour était l’une des favorites du Roi Louis XV. Les favorites sont les maîtresses des Rois et le moyen par lequel les Rois instaurent l’adultère et le rendent légitime. Les monarques sans maîtresses suscitent davantage de moqueries que de respect : c’est le cas de Louis XVI. Ces femmes avaient une certaine influence sur les Rois, notamment dans la politique ou dans l’art : par exemple, Madame de Pompadour aimait beaucoup la porcelaine, une céramique fine et translucide produite à partir de la cuisson du kaolin qui était un matériau luxueux que l’on importait de Chine puisque seule celle-ci maîtrisait sa recette, ainsi le Roi fit importer d’innombrables objets en porcelaine. Les favorites bénéficiaient également de multiples privilèges comme les cadeaux des Rois qui souvent étaient pharamineux et onéreux : La Marquise de Pompadour, Jeanne-Antoinette Poisson de naissance, acquit son titre en 1745 lorsque le roi lui fit don du domaine de Pompadour. Le statut de favorite était fortement convoité, certaines étaient donc mal aimées comme Madame du Barry, la dernière favorite du Roi Louis XV, chassée de la Cour après le décès de ce dernier.

                                   

François Boucher était un peintre français de la cour de Louis XV. Il représente le style « rocaille » qui est un mouvement  artistique européen du 18ème siècle qui aborde des sujets galants, érotiques ou encore libertins touchant le domaine de l’architecture, les arts décoratifs, la peinture et la sculpture. François Boucher aimait peindre des femmes aux formes voluptueuses, mettre en avant leur sensualité et leur féminité.

Par ailleurs à cette époque, les marques de la féminité surgissent à travers de nombreux éléments, comme les accessoires tels que les mouches qui sont des accessoires faits en général de velours et pouvant prendre plusieurs formes (rondes, en croissant…). Au début, les femmes comme les hommes s’appliquaient des mouches sur le visage pour camoufler leurs boutons et imperfections causées par la petite vérole qui laissait souvent des marques peu esthétiques. C’est seulement au 18ème siècle que les mouches deviennent de vrais attributs de la féminité. Bien plus qu’un accessoire de mode, la mouche est instrument de séduction avec une signification propre à chaque emplacement ; par exemple, lorsque la mouche est située sur le menton, cela signifie que la femme qui la porte est une femme plutôt discrète.

La mouche n’était pas le seul accessoire utilisé pour communiquer, l’éventail permettait aussi  de transmettre ses états d’âme, ainsi agiter son éventail fermé devant son interlocuteur signifiait « Suivez-moi! », ou encore faire tournoyer l’éventail dans la main gauche signifiait « J’en aime un autre… ».

 

Sophia Soarès, ECE1

Edm

Agrégée d'Espagnol CPGE Chaire Supérieure Professeure CPGE depuis 1998 Présidente PrépaMantes

Laisser un commentaire