« La maison brûle… »

Bonjour à tous,

Mon article de ce mois-ci concernera l’incendie de Lubrizol ayant eu lieu à Rouen il y a un peu plus d’une semaine. Plusieurs milliers de tonnes de marchandises, correspondant selon les premières analyses à des composants d’huiles de moteur, ont pris feu dans l’entrepôt de Normandie Logistique, ce qui fait de la déréglementation du droit environnemental un véritable enjeu. En effet, l’usine avait pu s’agrandir ces derniers mois en raison d’une modification récente des réglementations qui a omis l’impact que pourrait avoir cette décision. La complexité de la situation se trouve également dans le fait que Rouen, étant une ville estuaire, ressent la marée deux fois par jour. En cas de pollution, le fleuve monte et descend en fonction des flux et reflux. Un barrage anti-pollution y a été mis en place pour limiter les déversements toxiques dans la Seine, en attendant de connaître le résultat des analyses complet.

Mais c’est également socialement que la situation s’étend : suite à la découverte par plusieurs habitants de la ville de traces de pollution autour de leur lieu de vie et de plaintes quant à des malaises et des maux de tête constants, la question de la toxicité des fumées qui se sont dégagées de l’usine se pose. De plus, l’inquiétude légitime des citoyens ne manque pas d’alimenter ce questionnement. Ainsi, une manifestation a eu lieu le 1er octobre dans la commune et a réuni citoyens, syndicats, ONG et associations qui brandissaient des pancartes telles que « Pas d’usines en ville ! » ou encore « Lubrizol nuit à la santé ». La transparence des autorités a donc été remise en cause et après ce gros nuage de fumée noire, c’est la colère et l’incompréhension qui se sont emparés des habitants. Même si la communication du gouvernement après les faits s’est avérée rassurante et positive, il est important de nuancer le discours et c’est ce qu’Agnès BUZYN, ministre de la santé, n’a pas manqué de faire en déclarant que « personne ne sait réellement ce que donnent ces produits mélangés lorsqu’ils brûlent ».

Par ailleurs, André CICOLELLA, toxicologue et président du Réseau environnement et santé a souligné que le problème majeur était les produits issus de la combustion qui, pour ainsi dire, causent une contamination réelle qui ne doit pas être prise à la légère. L’étude d’ATMO Normandie, association spécialisée dans le secteur d’activités des analyses, a d’ailleurs confirmé la véritable dégradation de la qualité de l’air autour de l’agglomération, en insistant sur des odeurs qui se sont propagées, notamment à cause du vent. Mais alors, quelles mesures mettre en place pour ce problème de santé social ? C’est l’impact sur les générations futures qui doit être envisagé et pris en compte et c’est pourquoi Elisabeth BORNE, ministre de la transition écologique s’est dite favorable à un suivi médical des citoyens rouennais.

Cet événement ne fait que rappeler encore une fois la grandeur d’une crise environnementale qui s’élargit dans notre société. La colère légitime des Rouennais nourrit celle des citoyens du monde entier, victimes d’une pollution toujours plus accrue et de mesures encore difficile à établir de manière concrète. Même si ces débats sont de plus en plus médiatisés, j’y vois encore un combat qui est loin d’être achevé, tant sur le plan décisionnel que communicationnel.

Imane Laal (ECE2)

 

 

Edm

Agrégée d'Espagnol CPGE Chaire Supérieure Professeure CPGE depuis 1998 Présidente PrépaMantes

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