Les LS1 et LS2 au 1er forum des métiers et des formations de la facture instrumentale

Les étudiants de Prépas ECO et littéraires se sont rendus au forum du 1er rendez-vous « Métiers et formations de la facture instrumentale » vendredi 9 novembre de 16h à 17h, au Conservatoire à Rayonnement Départemental (ENM) à Mantes-la-Jolie.

Ils ont pu faire le tour de stands d’entreprises spécialisées dans la conception et réalisation d’instruments : saxophones, clarinettes, hautbois, orgues, violons, guitares… et échanger avec des apprentis, des facteurs et des directeurs de formations. Les stands SELMER et BUFFET-CRAMPON ont été particulièrement appréciés de par la qualité des explications des exposants mais les orgues et violons ont fasciné d’autant plus que les jeunes apprentis ont exposé avec beaucoup de passion leur savoir-faire. Le Directeur de l’ITEMM a dialogué un long moment avec les Prépas ECO appelés à évoluer plus tard dans le monde de l’entreprise mais découvrant là un secteur à la fois familier, celui de la musique et de ses grands interprètes, mais aussi totalement inconnu, celui de la fabrique et de la commercialisation.

Certains ont même été interviewés !

Vers 18h, les étudiants de LS1 et LS2 se sont réunis autour de leurs professeurs d’espagnol (Mme Di Marco) et de géographie (M. Berche) pour faire le point avant la table-ronde et préparer d’éventuelles interventions. Monsieur Berche a apporté de quoi prendre des forces avant l’événement, pour le plus grand plaisir des étudiants.

Avant cela, en cours, les étudiants avaient bénéficié d’une mise au point par leur professeur de géographie sur la facture instrumentale en France et sur le rôle nouveau des instruments dans les clips musicaux, ainsi que le rôle de la musique dans l’étude géographique des territoires.

Installés dans la salle « Fugue » au premier étage de l’ENM, les étudiants ont compris l’importance que représentait cet événement pour le bassin d’emplois du Mantois, au-delà de la nécessaire visibilité des projets et des élus à mi-mandat, pour une jeune communauté urbaine, la GPSEO (Grand Paris Seine et Oise). Il est vrai, de plus, que la musique est un enjeu politique pour le territoire : l’ancienne halle Sulzer, en cours de désamiantage, sur la commune de Mantes-la-Ville, a souvent été vue comme l’écrin possible d’un futur pôle d’excellence musicale, notamment dans le cadre de l’ancien découpage administratif qui la faisait dépendre de la Communauté d’Agglomération de Mantes-en-Yvelines, aujourd’hui dissoute et « intégrée » dans l’actuelle GPSEO.

Ainsi, il faut comprendre que, dans un contexte de mondialisation, les deux principaux facteurs instrumentaux que sont Buffet-Crampon et Selmer (dont l’entreprise est parvenue à faire envoyer par cargo interstellaire un saxophone de grande qualité à l’astronaute Thomas Pesquet), font face à un problème de recrutement : ils ne parviennent pas à trouver du personnel qualifié localement, à l’échelle du bassin du Mantois.

Monsieur Berche fait alors une comparaison avec les grands crus viticoles : les grands crus jouissent d’une notoriété internationale et d’un fort développement à l’export, mais localement, les viticulteurs peinent à trouver de la main d’œuvre qualifiée (et à la fidéliser) pour vendanger et s’occuper de la vigne. Dans le cas de Selmer ou de Buffet-Crampon, 95% des instruments des deux entreprises mantaises sont vendus à l’étranger, et chacune d’elles dispose d’une très bonne image à l’internationale, notamment dans des pays dont les marchés sont en pleine expansion comme les pays émergents ou des pays anciennement industrialisés comme les Etats-Unis ou le Japon, mais localement, la filière de la facture instrumentale est confrontée à une crise du recrutement car la facture elle-même, concurrencée par la Chine, cherche à monter en gamme et donc nécessite du personnel toujours plus qualifié. Les acteurs de la filière ont d’ailleurs confirmé cette nécessité pour être concurrentiels, y compris à l’heure du développement du numérique (dans la composition même des instruments, ou de l’utilisation faite de la musique).

Or, la mauvaise image de l’apprentissage corrélée à la crise que connaissent d’autres secteurs (automobile notamment), au sein de qui constitue la première région industrielle française et européenne, l’Ile-de-France, fait que le recrutement local peine à se maintenir. Les départs en retraite se multiplient, les jeunes doivent être formés et la formation prend du temps (plusieurs mois, voire plusieurs années). Différents partenaires ont alors monté un projet de formation : organismes de formations, collectivités territoriales, organismes publics et parapublics, entreprises privées. Le lycée Saint-Exupéry accueille ainsi plusieurs heures de cours dans le cadre de cette formation !

On apprendra alors, plus tard, au cours de la table ronde, de la bouche même de Jérôme Selmer, arrière-petit-fils du fondateur de l’entreprise éponyme, que les délais pour honorer une commande s’allongent, allant parfois jusqu’à 14 mois, ce qui est révélateur du problème de recrutement !

L’échange étudiants-professeurs, avant la table-ronde, s’est également orienté autour des débouchés possibles en termes de « métiers » pour les LS1 et LS2 : emplois dans la communication, le marketing, l’événementiel, l’international. Si la pratique d’un instrument n’est pas discriminante pour l’exercice d’un métier dans la filière de la facture instrumentale, cela n’en reste pas moins recommandé, y compris pour les ingénieurs, les cadres, les réparateurs, les fournisseurs qui comprennent alors mieux les enjeux qui gravitent autour de l’instrument, son acheminement, son utilisation et sa réparation.

Merci à tous pour cette agréable soirée !

Grégoire Berche, professeur de Géographie en LS1 et LS2 au lycée Saint-Exupéry

Sinthuya, Khûbe en Khâgne, nous offre sa prise de notes. Qu’elle en soit remerciée.

 

                       Conférence : formations et métiers de la facture instrumentale

 

Table Ronde 1: Perspectives d’évolution de la facture instrumentale dans un contexte de mondialisation culturelle et de progrès techniques.

4 Intervenants : Directeur de l’ITEMM, M. Selmer, le Directeur Commercial de Buffet-Crampon, un dirigeant de Start-Up

Introduction, se poser les questions nécessaires :

Ce qu’est la facture instrumentale actuellement en France et dans le monde.  Comment préparer les 15 prochaines années ?  Quelle formation professionnelle,  quels acteurs de demain afin de conquérir des parts de marchés et de faire vivre la musique ?  Les formations qui existent aujourd’hui : facteurs, réparateurs… etc.

 

  • Selmer ne souhaite pas être en concurrence avec d’autres pays comme la Chine qui produit beaucoup mais mal mais tirer les produits vers le haut en produisant des instruments de qualité, d’où la nécessité d’une innovation forte, l’utilisation des nouvelles technologies. Entreprises anciennes et nouvelles doivent se donner les moyens de créer la différence avec une valeur ajoutée, se développer plus et plus vite mais sans mettre en danger la qualité des produits qui sortent d’ateliers visités par les plus grands artistes.

 

  • De ce qui est produit en France, 80% ne reste pas en France : on fait plus de musique à l’étranger qu’en France. La Silicon Valley française, c’est un peu le secteur de la musique actuellement, avec plusieurs centaines de startups, un écosystème autour de Paris qui permet ce développement. Le marché de la musique est en pleine expansion :

– avec un désir d’avoir un nouvel instrument : plusieurs instruments dans une vie de musicien, incitation à rénover les instruments + exigences de la part des musiciens

– avec une nouvelle créativité qui veut s’exprimer : la pratique musicale oblige les fabricants à améliorer la qualité

– avec de nouveaux comportements en matière d’écoute

 

  • Les entreprises ont besoin de main d’œuvre qualifiée, capable de s’adapter au digital : élévation du niveau d’instruction du luthier qui l’incite à se poser des questions significatives. La Chine a commencé à faire des instruments il y a 40 ans : elle copie vite mais mal, avec des machines,  mais les grands facteurs français ont la tradition et le geste et si Selmer et Buffet-Crampon font désormais plus de prototypage numérique avec des machines rapides et modernes, l’assemblage manuel est important : il faut donc avoir des luthiers bien formés. Il existe aussi une problématique du matériau, car le bois étant sous contrôle, il faut donc travailler sur de nouveaux produits.  La France et l’Autriche ont été les premiers pays à industrialiser la fabrication d’instruments et aujourd’hui, deux pôles commencent à se rencontrer : excellence dans la facture instrumentale et dans la science du son. Aujourd’hui, le numérique peut accroître la richesse du langage musical et permet un gain de précision.

 

  • Évolution des métiers de demain et approche expérimentale :

 

  • Pour faire les instruments, des gestes de l’homme sont toujours nécessaires, un ensemble de gestes très précis. Il faut donc des techniciens du monde de la musique pour avoir un équilibre entre le digital et ce qui est issu du monde de la musique à Compléter la formation traditionnelle avec le numérique.
  • Il faut aussi des commerciaux qui doivent parler le même langage que les musiciens, être capables d’interagir avec autrui, penser à la dynamique internationale, avoir le sens du partage de la culture.
  • Les instruments sont testés avant de sortir de l’atelier. Important d’avoir des artisans capables de corriger les mouvements. Des instruments se vendent sur le net mais les produits haut de gamme sont rares car il y a des micros différences importantes. Il est essentiel de continuer d’avoir des magasins avec de grands luthiers. Il faut une image de marque.  La marque est le développeur, une école française de saxophone  a un lien intime avec les grands joueurs qui jouent d’un instrument. L’image est faite du lien entre les interprètes et les instruments, de l’émerveillement permanent ressenti par l’artiste qui visite les ateliers et échange avec les facteurs.

 

Conclusion : Accompagnement nécessaire de la filière. Tout reste à inventer : le développement d’une entreprise se fait car elle propose et accompagne une formation. Comment accompagner des territoires géographiques  avec une forte demande, il s’agit là d’un effort, d’un travail collectif.

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