Un exemple à suivre…

Sophia M. a été notre étudiante pendant trois ans: une Hypokhâgne, une Khâgne puis la décision mûrement réfléchie de khûber chez nous, à SaintEx. Après un concours 2018 qui a confirmé sa très solide culture et des progrès extraordinaires réalisés notamment dans l’exercice de la dissertation – ce qui lui a valu la note somptueuse de 20/20 en Lettres et une sous-admissibilité aussi bien à Ulm qu’à Lyon – Sophia nous fait l’amitié de répondre à quelques questions, l’occasion d’un retour sur expérience(s).

 

Sophia dans un exercice salutaire de commentaire in situ, lors de l’Intégration 2018: l’art de lire la façade de Notre-Dame comme dans un livre ouvert.

 

  • Quel genre de lycéenne étiez-vous ?

Au lycée, j’étais une élève sérieuse, d’un bon niveau et assidue qui appréciait pleinement les cours et épanouie car pleinement confortée dans le choix de la filière littéraire ; choix qui s’est vu enhardi par les années en classe préparatoire. J’étais également gagnée par un souci de bien faire et de constamment obtenir les notes les plus honorables à mes yeux, sans toutefois jamais atteindre une pleine satisfaction. Passionnée de littérature, travailleuse et avide de conseils, mon profil de lycéenne semblait me destiner à la prépa littéraire. Cependant, avec le recul, je n’ai pas suffisamment tiré avantage des opportunités qui se présentaient à moi, chose que j’ai appris à faire en prépa.

 

  • Pourquoi avez-vous pris la décision de faire Prépa ?

En réalité le choix s’est imposé assez naturellement à moi. Vivement encouragée par mes professeurs de lycée, convaincus que j’avais le profil type d’une étudiante de prépa, je me suis laissée séduire par cette formation, sans toutefois en ignorer les enjeux ou l’engagement qu’un tel cursus exigeait. De la même façon, la prépa semblait une voie évidente car c’était aussi une affaire de famille ! Plus sérieusement, mon choix de faire une prépa s’explique surtout par la richesse de ce cursus m’évitant une spécialisation universitaire, redoutée au sortir du lycée. Enfin, je dirais que ce qui m’a poussée à faire prépa c’est aussi ma sensibilité littéraire. J’entends par là que la prépa littéraire demeure pour moi un moyen de revaloriser les personnalités littéraires. Toutefois, j’ai aussi été influencée par l’ouverture qu’offrait la classe préparatoire littéraire, qui se démarque par le dialogue fécond qu’elle entretient entre des disciplines très diverses ; en témoignent l’ouverture du concours de la BEL intégrant nos littéraires aux concours des écoles de commerce ou encore de sciences politiques. Je trouvais ainsi que la prépa littéraire correspondait aux idées que je défendais, et demeurait le moyen privilégié pour mettre en valeur la richesse qu’offrent la littérature et les humanités. Puis, la prépa est incontestablement le lieu et parfois même le théâtre (car les rebondissements y sont nombreux !) d’une émulation intellectuelle. En somme, la prépa me correspondait totalement, et je ne regrette absolument pas de lui avoir consacré trois ans de ma vie !

 

  • Quelles différences majeures entre le secondaire et la Prépa ?

Selon moi, la plus grande différence serait le statut de l’élève qui en prépa n’en est plus un mais devient un étudiant, ce qui résulte naturellement de la plus grande autonomie qui nous est accordée en prépa. En effet, les professeurs avec qui nous avons pu lier de véritables relations professionnelles mais aussi humaines font manifestement évoluer le regard que nous portons sur nous-mêmes. C’est bien cette relation étudiant-professeur qui nous amène à atteindre une certaine maturité réflexive et qui distingue assez clairement le lycée de la prépa. Souvent, on a tendance à dire que la prépa est en quelque sorte, la continuité du lycée, et je ne m’entends qu’à moitié sur cette affirmation. Bien sûr, en prépa nous continuons d’étudier les mêmes matières ( hormis quelques nouveautés comme la culture antique, ou encore le latin qui au lycée n’était qu’une option et qui en prépa littéraire devient une matière à part entière) et nous passons du temps sur l’apprentissage d’une méthode à laquelle les années lycée ont préludé, toutefois la prépa se différencie nettement du lycée, dans le sens où il ne s’agit plus d’un exercice de récitation ou de psittacisme, mais d’ un exercice de réflexion personnelle qui n’admet autre chose que l’originalité des idées et l’affirmation d’une personnalité qui saurait ajuster des connaissances conceptuelles et un certain esprit d’innovation. Enfin, la prépa nous forme aussi à l’esprit concours et nous pousse donc à développer un certain esprit de compétition (qui reste cordial et relève davantage de la camaraderie et de l’entraide au lycée Saint-Exupéry !),ce qui me semble indispensable pour donner la pleine mesure à nos capacités, et qui par la même nous prépare déjà au monde du travail. C’est d’ailleurs la prépa qui a développé l’opiniâtreté grâce à laquelle j’ai pu corriger et améliorer mes copies et mon niveau, tout en gardant à l’esprit qu’il était toujours possible de faire mieux.

 

  • Quels objectifs vous êtes-vous fixé cette année ?

Cette année en khûbe, plus encore qu’en khâgne, mon seul objectif a été l’École Normale Supérieure, avec l’espoir d’obtenir au moins une sous-A à ULM et des notes supérieures à l’an passé (plus particulièrement en littérature française, matière qui me tient tout particulièrement à cœur et pour laquelle la note ne fut pas des plus heureuses en première année !). La khûbe fut pour moi l’année de la dernière chance, et c’est pourquoi je me suis évertuée à changer de stratégie quant à la préparation du concours, mais surtout à essayer de donner le maximum. Khûber signifiait pour moi qu’il fallait absolument que j’obtienne une sous-A. En raison de ces objectifs élevés, j’ai passé une année de préparation très intense, mais aussi très plaisante (oui, oui, les deux ne sont pas incompatibles. Tout est possible en prépa !). En effet, mon objectif était certes d’obtenir des notes satisfaisantes au concours, mais surtout d’y prendre un certain plaisir ! La khûbe a donc été aussi éreintante que passionnante.

 

  • Quels souvenirs marquants gardez-vous du concours que vous avez passé ?

Le souvenir que je garde de mon premier concours de l’École Normale Supérieure, ce sont ses débuts rocambolesques: l’ENS nous prévenant d’un cyclone en Nouvelle-Calédonie conduisant à un report des épreuves, la découverte des salles des écrits de taille industrielle de Rungis et le souvenir douloureux de ces fameuses chaises de jardin sur lesquelles nous avons dû composer pendant six heures, la diversité de profils des concurrents dont on aurait pu esquisser une Comédie humaine, les perturbateurs chroniques dégainant leur paquet de chips ou pire un yaourt en plein milieu de l’épreuve (ceci est un vrai témoignage !), le malaise d’une camarade dans le train du retour, l’air condescendant des concurrents drapés de l’habit de la victoire, symbolisé par un sweat à capuche avec le slogan «  Promo ENS 2017 » ! En bref, je garde un souvenir assez amusant de ma première année, qui s’est vraiment déroulée dans la bonne humeur. En revanche, cette année a vraiment été très studieuse et s’est déroulée de façon tout à fait différente. J’étais très concentrée sur l’épreuve, sur ma copie et beaucoup moins sur mes concurrents. Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est certainement l’intensité des épreuves et du jeu intellectuel qui m’a permis de véritablement m’amuser lors de la rédaction de mes copies et d’oser davantage ! Cette année je n’ai pas pensé aux professeurs, mais davantage à moi, et me suis concentrée sur la relation que je pouvais créer à travers mon écriture avec le correcteur. J’ai aussi beaucoup apprécié l’habitude que nous avions mes camarades et moi de nous rejoindre le matin avant les épreuves et de nous encourager mutuellement, de même à la fin des épreuves nous nous attendions et procédions à un débrief plutôt amusant qui détendait l’atmosphère et faisait retomber la pression des épreuves ! Deux années strictement différentes mais qui resteront, je pense, gravées pour un long moment dans ma mémoire.

 

  • Quels sont vos projets dans l’immédiat ? D’ici trois ans ?

Je viens récemment d’être admise à la Sorbonne- Paris IV en Master 1 Recherche Études Anglophones, où je poursuivrai l’an prochain un cursus qui me correspond tout à fait et qui s’inscrit pleinement dans mon projet de future chercheuse. Sous-admissible à l’École Normale Supérieure d’Ulm et à l’École Normale Supérieure de Lyon, j’espère l’an prochain ou en M2 pouvoir intégrer Normal Sup’ sur dossier et y mener à bien les recherches qui me passionnent en littérature française et anglaise, afin d’occuper une place de maître de conférences à l’université d’ici quelques années. D’ici trois ans, j’espère également avoir étudié dans une université anglophone, de préférence en Irlande, en Écosse ou en Nouvelle- Zélande et m’y être peut-être même installée ! Mais pour le moment, je travaille cet été au Ministère de la Transition écologique et solidaire à la Défense, où j’élargis mes compétences et découvre après trois années de classe préparatoire, le monde totalement différent du travail

 

  • Quels conseils souhaitez-vous donner aux futures promos ?

1- Mon premier conseil serait de  définir d’ores et déjà son projet et de se fixer des objectifs à atteindre dès la première année en la considérant non pas comme une entrée en matière mais plutôt comme une année à enjeux.

2- Profiter des conseils des professeurs. Au lycée Saint-Exupéry, nous avons la chance de bénéficier de professeurs compétents et à l’écoute, qui priorisent les besoins de l’étudiant. Savoir se mettre à l’écoute et prendre bonne note des conseils avisés de vos professeurs vous permettront de gagner en efficacité et de progresser.

3- S’organiser et apprendre à faire des sacrifices (mais pour la bonne cause) ! Il faut prendre conscience de la charge de travail que demande une formation en prépa littéraire et s’organiser en conséquence. Il n’y a pas de recette miracle, chacun travaille à sa façon et la première année constitue une occasion rêvée pour trouver son rythme et ensuite l’appliquer en khâgne. Il faut éviter de faire le travail demandé à la dernière minute, et apprendre à se lever tôt le week-end .

4- Tenter de maintenir une certaine dynamique au sein de votre classe. La bonne humeur, une ambiance sereine et amicale facilitent l’entraide et par conséquent, la progression des étudiants. Vous passerez sûrement plus de temps avec vos camarades qu’avec votre famille ou vos amis, alors autant vous en faire des alliés !

5- Prendre du plaisir dans l’effort et l’exercice intellectuel ! Les années de prépa seront probablement les plus intenses de votre parcours scolaire du point de vue intellectuel et culturel. Même si parfois, on peut se demander quelle utilité pourra-t-on tirer de certains questionnements étudiés en classe, avec du recul on en apprécie la valeur. Donc savourez cet apprentissage que vous trouverez parfois indigeste (et c’est normal !), mais à la fin (et seulement à la fin !) vous constaterez la chance qu’il vous a été donnée et que vous avez su saisir !

6- Se plaindre : parce que la prépa n’est pas toujours une partie de plaisir et qu’il est inenvisageable d’abandonner, les plaintes chroniques feront office d’exutoire !

 

Ultime conseil et sans doute le plus évident : Prendre les choses comme elles viennent et en dédramatiser l’aspect parfois déplaisant et laborieux !

 

Edm

Agrégée d'Espagnol CPGE Chaire Supérieure Professeure CPGE depuis 1998 Présidente PrépaMantes

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